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Le cauri en Afrique : de monnaie ancienne à symbole spirituel et bijou contemporain

Le cauri en Afrique : de monnaie ancienne à symbole spirituel et bijou contemporain

Coquillage discret en apparence, le cauri fait partie des symboles les plus forts du continent africain. Monnaie ancienne, signe de richesse, support de divination, amulette de protection, élément de parure : il traverse les siècles sans perdre sa charge spirituelle. Du Sahel aux côtes de l’Afrique de l’Ouest, et jusque dans les diasporas afro-descendantes, il raconte une histoire où l’économie, le sacré et l’esthétique restent profondément liés.

Avant les bouleversements : le cauri comme monnaie africaine

Bien avant que les puissances coloniales n’imposent leurs monnaies, les coquillages cauris circulaient comme moyen de paiement dans de nombreuses sociétés d’Afrique de l’Ouest. Des travaux d’historiens et de musées spécialisés montrent que ces petits coquillages étaient utilisés comme monnaie dans l’Empire du Mali, dans des royaumes de la région akan, chez les Yoruba et dans plusieurs États de la côte atlantique ou du Sahel.

Importés en grande quantité via les routes transsahariennes et maritimes, les cauris servaient :

  • pour les achats quotidiens sur les marchés ;
  • pour le paiement de certaines taxes ;
  • dans les dots et alliances matrimoniales ;
  • dans les échanges à longue distance entre régions et royaumes.

Certains musées consacrés aux monnaies africaines rappellent que les cauris ont été l’une des devises les plus durables de l’histoire et qu’ils sont restés en circulation jusqu’au XIXe siècle dans certaines zones rurales. Leur valeur venait de leur durabilité, de leur forme reconnaissable et du fait qu’ils étaient acceptés dans un vaste réseau d’échanges à travers l’Afrique de l’Ouest.

Aujourd’hui encore, des expositions sur les currencies africaines présentent des colliers, des tissus, des parures royales et des réserves de cauris, témoins d’un système économique élaboré bien avant l’arrivée des monnaies coloniales.

Un symbole chargé : fertilité, prospérité et protection

Le cauri n’a jamais été seulement un “morceau de monnaie”. Sa forme évoque à la fois un œil, une graine et une ouverture : beaucoup de traditions y voient un lien direct avec la fécondité, la naissance et la capacité à faire circuler la vie.

Dans plusieurs cultures d’Afrique de l’Ouest, le cauri est donc associé :

  • à la fertilité (rituels autour de la maternité et de la famille) ;
  • à la prospérité (richesse matérielle et abondance dans le foyer) ;
  • à la protection (amulette portée sur le corps, cousue sur les vêtements ou les coiffures) ;
  • à la connexion avec les ancêtres et les forces de l’eau.

Des analyses menées sur l’art africain rappellent que la couleur blanche du cauri est souvent associée à la pureté, à la santé, à la clarté et à certaines divinités liées à l’eau ou à la lumière. Utilisé sur les coiffes, les masques, les statues ou les parures, il renforce cette dimension de protection et de présence bienveillante.

Quand les cauris “parlent” : divination et lecture du destin

Dans une grande partie de l’Afrique de l’Ouest, les cauris servent aussi de support à la divination. On les jette sur une natte ou sur une surface préparée, puis on interprète la façon dont ils tombent : ouverts ou fermés, alignés ou dispersés, regroupés ou isolés.

Au Sénégal, des travaux d’anthropologues et de chercheurs en sciences sociales ont documenté des séances de divination par les cauris aussi bien dans des quartiers populaires de Dakar que dans des villes de l’intérieur du pays. Des devins-guérisseurs les utilisent pour répondre à des questions de santé, de protection, de vie familiale ou de choix importants.

Plus largement, dans l’aire culturelle yoruba, au Bénin ou au Nigeria, des systèmes élaborés de divination font intervenir les cauris : ils servent alors à consulter des orishas ou des forces spirituelles, selon des codes précis. Ces pratiques ont voyagé avec les populations déportées vers les Amériques et se retrouvent, sous des formes transformées, dans certaines religions afro-descendantes.

Qu’il soit utilisé au Sénégal, au Nigéria ou en diaspora, le cauri devient un langage : un support matériel à travers lequel on interroge le destin, les ancêtres et les forces invisibles.

Beauté, statut et identité : le cauri dans la parure africaine

Dans les coiffures, sur les vêtements ou en bijoux, le cauri fait partie des codes esthétiques les plus anciens du continent. On le retrouve :

  • sur les tresses et chignons (notamment dans certaines communautés peules ou mandingues) ;
  • sur les ceintures, ceintures de taille et ceintures rituelles ;
  • sur les vêtements de cérémonie, tuniques, pagnes et parures de danse ;
  • sur les couronnes, coiffes et insignes de pouvoir.

Dans ce cadre, le cauri peut marquer plusieurs choses à la fois : la beauté, la jeunesse, la maternité, l’appartenance à une lignée, le rang social ou la fonction spirituelle. Il est un signe visuel immédiatement reconnaissable, mais aussi un marqueur d’identité.

De l’Afrique à la diaspora : un symbole qui ne s’éteint pas

Avec la traite atlantique et les déportations massives, le cauri a traversé l’océan avec celles et ceux qui ont été arrachés au continent. Dans plusieurs régions des Caraïbes et des Amériques, il est resté un symbole de continuité : continuité des pratiques spirituelles, continuité de la mémoire, continuité des liens avec l’Afrique.

Aujourd’hui encore, on retrouve le cauri dans des rituels, des bijoux, des coiffures ou des œuvres d’art créées par des artistes et créateurs afro-descendants. Il incarne à la fois la douleur d’une histoire violente et la force de la survie culturelle.

Le cauri dans la mode africaine contemporaine

Si le cauri revient avec autant de force dans la mode africaine contemporaine, ce n’est pas par nostalgie. C’est une façon de réaffirmer des codes esthétiques et symboliques africains dans un monde où d’autres normes, longtemps, ont été imposées.

Intégré à des bijoux, des accessoires ou des silhouettes urbaines, il devient un signe de style mais aussi une prise de position : porter un cauri, c’est porter un morceau d’histoire, une mémoire, une énergie.

Chez Kaolack Créations, le cauri se décline dans plusieurs pièces travaillées en collaboration avec des artisans d’Afrique de l’Ouest :

Toutes ces pièces prolongent une histoire ancienne : celle de gestes artisanaux, de marchés, de rituels, de coiffures, de tenues de fête et de protections que l’on porte sur soi, à même la peau.

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Ensemble, ces textes dessinent une même idée : la mode africaine ne se résume pas à une tendance. Elle repose sur des histoires, des symboles et des matières qui portent la mémoire de ceux qui les ont façonnés.

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